Histoire du wax
Un tissu de mémoire, de circulation et de fierté
Le wax n’est pas un simple tissu.
C’est une matière qui parle, voyage, transmet.
Ses motifs éclatants, sa texture reconnaissable entre toutes, ses couleurs qui vivent — tout en lui raconte une histoire, ou plutôt des histoires.
Celles des mères et des tantes. Des marchés et des cérémonies. Des départs et des retours.
Un tissu qui a traversé les mers pour mieux habiller les racines.
Origines
Contrairement à ce que l’on croit parfois, le wax n’est pas né en Afrique.
Il puise ses racines dans les batiks indonésiens, importés au XIXe siècle par les colons néerlandais et anglais.
Ces tissus cirés, aux motifs imprimés à la cire chaude, sont d’abord une tentative d’imitation industrielle d’un art textile traditionnel.
Mais ce sont les peuples d’Afrique de l’Ouest, notamment les femmes commerçantes, qui vont s’approprier le wax et en faire un langage à part entière.
Le wax comme langage
Chaque motif de wax peut porter un sens : proverbe, message social, histoire d’amour, moment de vie.
Dans certaines régions, on choisit son wax comme on choisit ses mots — pour affirmer, séduire, ou se souvenir.
Le wax devient ainsi un moyen d’expression textile, une parole sans voix, transmise de corps en corps.
Le wax, aujourd’hui, est à la fois africain et mondial.
Il a été absorbé, transformé, réinterprété par des générations entières.
Porté dans les fêtes, les rues, les diasporas, il est devenu un symbole de fierté, de résistance parfois, et surtout de présence culturelle affirmée.
Une matière vivante, réappropriée
Pourquoi le wax chez Enfant du Pays
Chez Enfant du Pays, le wax n’est pas une tendance.
C’est un acte de fidélité, une manière de coudre la mémoire dans des vêtements pensés pour durer.
Nous aimons son éclat, sa force, sa portée symbolique.
Il traverse les générations comme une promesse colorée : celle de ne pas oublier, tout en avançant.
Un tissu né du voyage, qui prend vie en Afrique
L’histoire du wax est celle d’un tissu qui n’est pas né en Afrique, mais qui y a trouvé une terre d’adoption, jusqu’à devenir aujourd’hui un symbole d’identité culturelle dans de nombreux pays du continent.
Son point de départ se situe au XIXe siècle, à l’époque coloniale.
Des soldats ghanéens enrôlés dans l’armée britannique sont envoyés aux Indes orientales, notamment en Indonésie, où ils découvrent un tissu local : le batik. Séduits par sa beauté, ses couleurs profondes et ses motifs aux lignes organiques, certains en rapportent avec eux à leur retour en Afrique de l’Ouest.
Dans le même temps, les colons néerlandais, désireux d’exploiter le potentiel commercial de ces textiles, cherchent à industrialiser leur production pour inonder le marché asiatique. Mais cette tentative échoue : les Indonésiens, attachés à la finesse artisanale de leurs batiks faits main, rejettent les versions mécaniques produites en Europe, jugées trop rigides, imparfaites ou froides.
C’est finalement en Afrique de l’Ouest — au Ghana, au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire — que ces tissus trouvent un véritable écho.
Importés par les Néerlandais, notamment via la manufacture Vlisco aux Pays-Bas, ils séduisent les marchés africains grâce à leurs couleurs vives, leur résistance, et la possibilité d’y imprimer des motifs variés.
Mais surtout, ce sont les femmes commerçantes, véritables piliers du commerce local — appelées Nana Benz au Togo — qui vont transformer le destin du wax. En choisissant les motifs, en leur attribuant des noms, des proverbes, des usages symboliques, elles transforment le tissu en véritable langage social et culturel.
Le wax devient alors un tissu de réappropriation. D’origine étrangère, il est désormais revendiqué comme africain par adoption. Il est porté lors des mariages, des funérailles, des fêtes, des luttes, des jours de marché. Il devient une seconde peau, un manifeste silencieux, un pont entre mémoire, résistance et expression de soi.
Du geste traditionnel à l’impression industrielle
À l’origine du wax, il y a le batik, une technique ancestrale de teinture par réserve pratiquée en Indonésie depuis des siècles.
Sur une toile de coton, on trace à la main des motifs à l’aide d’une cire chaude, appliquée soit avec un fin outil appelé canting, soit à l’aide de tampons en cuivre appelés cap. Une fois la cire posée, le tissu est plongé dans un bain de teinture.
Les zones recouvertes de cire résistent à la couleur, laissant apparaître des motifs clairs sur fond teinté. Pour obtenir des dessins complexes et multicolores, ce processus est répété plusieurs fois avec différentes couches de cire et de teinture.
Une fois les étapes terminées, la cire est retirée à l’eau chaude, révélant un motif riche, délicat et souvent unique.
Le wax, lui, est une adaptation industrielle de cette méthode, née au XIXe siècle dans les manufactures européennes.
Les motifs ne sont plus dessinés à la main, mais gravés sur des rouleaux métalliques qui impriment le dessin sur le tissu de manière répétée. Une résine ou cire est ensuite appliquée mécaniquement pour protéger certaines zones du tissu avant la teinture.
Le tissu passe ensuite dans des bains de couleur, et la cire est retirée, dévoilant les motifs imprimés, souvent caractérisés par un subtil effet de craquelure dû à la cire fissurée pendant la teinture.
Cette fabrication permet une production en plus grande quantité, tout en conservant l’aspect vibrant, coloré et texturé qui fait la richesse visuelle du wax.
Si l’intention artisanale du batik a cédé la place à une logique plus industrielle, le wax conserve toutefois une dimension culturelle forte — chaque pièce, chaque motif continue à véhiculer des histoires, des symboles, des appartenances.